• Lundi 12

    Il est 14h52 à l'horloge. Je suis sur le quai, j'attends le train. Il fait beau. Un garçon vient de s'approcher. Il a posé sa mallette sur la banquette en bois. Il porte un veston clair, des bottes de cow-boy noires avec des dessins incrustés. Ses cheveux sont châtain foncé avec des mèches plus claires. Je remarque qu'il a une barbe de plusieurs jours qu'il lui donne un air de voyou... Le train entre en gare.
    Me voilà en route pour le boulot. Ca ne sera pas trop dur, Je ne loge qu'une nuit.
    Mercredi chez ma thérapeute, j'ai discuté de mon travail au home, de comment je m'y sens, de mes insatisfactions. J'ai réalisé que je ne me donne pas le droit de retirer du plaisir et une réelle satisfaction de ce que je fais.
    Cette nuit, j'ai rêvé de Clémentine. Nous nous battions. Subitement, elle se jetait à l'eau. Je parlais avec la directrice et je lui confiais que je me sentais seul. Elle me répondait sur un ton de reproche, me rétorquant que c'est de ma faute.

    Maintenant, les choses semblent claires. Je n'ai pas envie de continuer ce travail. Je vais me débrouiller pour trouver quelque chose d'autre, un boulot plus satisfaisant, où je me sentirais plus utile et plus valorisé. Je n'aurais pas du accepter de reprendre le temps plein de Mireille. Maintenant je me sens coincé. Si je quitte, je perds mes droits au chômage. A moins que la directrice n'accepte de me faire un C4 en règle.

    Vendredi soir, Mireille, Edouard son nouvel ami et moi sommes allé au restaurant. Je les ai quittés pour aller au cinéma voir “Tenue de Soirée“. Après le film, je suis sorti en boîte. Il y avait un peu de monde. Le garçon qui me plaît était là. Cela me faisait plaisir de le revoir. A un moment, il est venu danser. Il était seul sur la piste de danse. Doucement, tout en dansant, il s'est tourné vers moi et m'a regardé. J'ai senti mon cœur s'emballé dans ma poitrine. Lorsqu'il me regarde, je me sens fondre sur place. Ses yeux bleus expriment tant de douceur et de pureté. Il me fascine. D'autres diraient de lui que c'est un « m'as-tu vu », superficiel et  racoleur. Pour moi il est un jeune dieu grec inaccessible.

    A la fin du mois, je vais sans doute partir une semaine avec Mireille. Nous ne savons pas encore pour quelle destination. Je me réjouis de me retrouver de nouveau seul avec elle, ça fait longtemps déjà que nous n'avons pas eu l'occasion de passer du temps ensembles. Le train est bloqué sur la voie, le feu est rouge... Qu'importe, il fait beau. Le soleil tape contre la vitre. Il fait chaud à l'intérieur du compartiment. Pourvu que je ne rate pas le bus à la gare, s'il n'attend pas, je devrai faire du stop jusqu'au home.


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  • Mardi 6

    Hier, lorsque je suis arrivé au boulot, je me sentais assez mal. Le soir j'avais vraiment l'envie de m'isoler. Mais je ne pouvais monter avant les enfants. Finalement après qu'ils étaient tous au lit, je me suis retiré dans ma chambre. J'ai mal dormi. Ce matin je me sens toujours aussi mal. Je me pose des questions sur mon travail. Est-ce que je suis vraiment à ma place ici ? Hier avant de m'endormir, je me posais mille questions à ce sujet. Je me disais qu'il serait temps que je cherche autre chose. Je pesais le pour et le contre. Je réfléchissais aux avantages que j'ai de travailler ici. Je crois qu'au fond,  j'essayais de me rassurer et d'apaiser mon malaise. Les questions restent en suspends.


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  • Mardi 29

    Hier soir, lorsque j'ai rangé mon journal, un incident s'est produit qui m'a vraiment déstabilisé. Comme à son habitude Clémentine m'observait lorsque j'ai eu une réaction maladroite qu'elle a aussitôt relevée. Sa remarque a fait mouche. Je me suis aussitôt senti pris en faute et cela m'a déstabilisé. J'ai commencé à me remettre en question et à douter de moi, comme si je devais aux yeux des enfants être sans faille. Je me sentais déçu de moi-même, surtout après ce que j'avais écrit hier dans mon journal. J'en ai conclu qu'une petite chose pouvait facilement m'ébranler. J'en déduis que je suis encore très fragile. J'ai encore du mal à accepter mes limites et ma vulnérabilité.
    En fin de soirée j'ai sonné à Mireille pour lui en parler. Je ressentais beaucoup d'agressivité vis-à-vis des enfants en particulier pour Clémentine. Puis au cours de la matinée ce sentiment s'est progressivement estompé. Je crois que je parlerai de tout ça  demain avec ma thérapeute.

    Il est 13h, j'attends le train du retour. Finalement ce week-end aura passé très vite. Je suis content de rentré chez moi.


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  • Jeudi 28

    Le home 19h20.
    La journée se termine doucement. Cet après-midi je suis allé chez une collègue qui est déjà une amie. J'avais réalisé les thèmes astrologiques de son fils et de sa fille. Nous avons passé un bon moment tous les deux à discuter.  Quand je suis rentré au home il y avait une autre collègue que j'aime beaucoup cela m'a fait plaisir de la voir.
    Je suis content, je me sens enfin bien dans ma peau après tant de mois durant lesquels j'ai galéré. Je me trouve chanceux, j'habite un bel appartement, j'ai un boulot intéressant, qui me laisse pas mal de temps libre, même si c'est difficile à certains moments. Quand je travaille, en général je travaille seul, donc je suis le seul responsable dans le home et c'est important pour moi d'être libre et sans quelqu'un qui me dit ce que je dois faire ou ne pas faire. J'y côtoie des gens que j'aime et que j'apprécie.

    Au niveau affectif il y a quand même quatre personnes autour de moi qui compte énormément. Même si ces relations ont leur côté problématique, nous nous apportons malgré tout beaucoup l'un l'autre. Et puis il y a les copains : Didier, Julien, Jean-françois, Françoise. Ils ont tous de la sympathie pour moi. Bien sûr tout n'est pas rose, mais je vois tout le chemin que j'ai parcouru depuis la mort de Vincent.  Aujourd'hui je me sens assez confiant dans l'avenir. J'ai envie de découvrir de nouvelles personnes, de nouveaux endroits, faire de nouvelles expériences. Il y a comme un goût de printemps en moi.


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  • Samedi 26

    Le home, 17h12.
    La journée est passée rapidement. Je suis assis sur l'appui de fenêtre de ma chambre. Je sens la chaleur du soleil sur mon visage. C'est presque un soleil d'été. C'est agréable d'être là, sans rien faire, juste se laisser envahir par les sensations. La lumière, la chaleur,  le bourdonnement d'une mouche contre la vitre, la caravane de nuages  blancs sur le ciel bleu qui annoncent l'arrivé de l'été. J'espère qu'il fera aussi beau la semaine prochaine. J'ai envie de profiter ce temps printanier chez moi. Pouvoir m'installer sur ma terrasse et lire au soleil.
    Le ciel est si bleu, les nuages ont disparu à l'horizon. J'aimerais me balader dans la nature. Je me souviens des promenades avec JL. Où es-tu à présent ? Es-tu heureux, enfin ?

    Jeudi mon ami prêtre est venu chez moi, il a célébré l'eucharistie avec moi. Je me sentais tendu. Je n'ai pas aimé ce qu'il a dit à propos du renoncement et de la mort. Après cela je ne me sentais pas bien. Je m'en voulais de ne pas être sur la même longueur d'onde que lui. Coupable de ne pas être en totale communion avec lui. Je réalise que je ne me sens plus en accord avec le rite catholique Je n'ai plus envie de vivre mon besoin de spiritualité de cette manière. Je ne me sentais pas en accord avec ce qu'il me disait de Dieu. Je préférais les eucharisties célébrées chez la sœur. Lorsque nous nous y retrouvions tous ensembles. Le langage était différent, les mots étaient différents. Nous nous y sentions totalement acceptés et reconnu dans notre différence. Les mots de mon ami reflètent les positions de l'église catholique en matière de sexualité.  Lorsqu'il parle de renoncement, est-ce qu'il ne tente pas de se réconforter dans ses propres choix ? Aujourd'hui c'est clair, nous avons tous les deux fais des choix différents. Si lui a décidé de renoncer à la sexualité et à l'amour humain, moi pas ! Je peux comprendre que pour lui se soit difficile de remettre ses choix en question, ce serait un bouleversement terrible dans sa vie. Pourtant je perçois chez lui son besoin d'intimité, son besoin de contact et surtout d'affection. Je sens en lui la contradiction entre ses désir et ses engagements.
    Alors lorsqu'il me tient un discours comme il l'a fait jeudi, cela le conforte peut-être dans son renoncement, mais moi je ne m'y retrouve pas. Lors de notre prochaine rencontre je lui parle de tout cela.

    Il est 18h. Les rayons du soleil éclairent toujours la chambre. Il y a deux mois il faisait nuit à cette heure de la journée.
    Cela m'a fait du bien d'écrire à propos de mon ami prêtre. Cela me permet de prendre du recul et de ne pas me laisser envahir par un sentiment de culpabilité.


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